Pluie, neige, grêle, soleil... et du gros fun

C'est samedi dernier que ce tenait la deuxième édition du Trail du Grand-Duc et où je devais m'attaquer à mon deuxième Ultra de la saison, soit le parcours du 47 km.  Pour moi, courir cette distance demeure un grand défi physique et mental que j'étais prêt à relever, mais la météo de la semaine précédente allait rendre le tout encore plus imposant.  Il était évident qu'avec toute cette pluie et ce froid, les sentiers allaient être dans un état pitoyable.  Ne pouvant rien n'y changer, je me suis dit que je accepté le tout et y trouver mon plaisir.  Valait mieux en rire.

5h00 samedi matin.  Mon réveille-matin sonne et sans trop de difficulté, je réussis à m'extirper de la chaleur de mes couvertures.  Comme la plupart des coureurs, je ne dors pas beaucoup la nuit avant une course.  Ma copine me souhaite bonne chance et se retourne pour profiter encore de deux heures de sommeil avant de devoir s'occuper seule de nos deux jeunes garçons pour la journée en plus de toutes les commissions.  Merci encore mille fois ma chérie!  Le matin, je ne suis jamais très vite.  Un café et deux toasts au beurre d'arachide plus tard, je fais une dernière vérification de mon matériel.  Tout est ok.   Un deuxième café pour la route et s'assurer que le système digestif est déjà bien en marche.


5h55 j'ouvre la porte de la maison pour mon départ, tout est noir et le contraste de température me saisi.  J'ai juste le goût de refermer la porte et de me sauver au chaud sous les couvertures.  "Non!  Tu vas t'amuser tu vas voir" que je me suis dit...

6h35.  Tout se passe vite.  J'arrive sur place, je ramasse mon dossard et la "softflask" de 500ml donné comme cadeau d'inscription (super bonne idée pour des coureurs de trail) et je me retrouve dans un autobus jaune qui va nous transporter jusqu'au départ qui se trouve au Lac à l'Épaule.  Il est 7h00.  Quelques amis dont Richard, Annick, Éric et Guillaume sont aussi présent.  Je discute un peu, mais une fois l'autobus partie, je parle beaucoup moins n'ayant pas un voisin de banc très bavard.   30 minutes plus tard, nous arrivons sur les rives d'un magnifique lac, mais la forte pluie nous pousse à rapidement à s'abriter dans le chalet principal.  C'est à ce moment que l'excitation de chacun est montée d'un cran et que les craintes de certains ont fait surface.  Dernières indications du directeur de course.  Il nous annonce ce que nous savions tous déjà:  les sentiers seront vraiment bien humides.  Il se propose même de payer l'inscription 2019 au coureur qui sera capable de se rendre à l'arrivée avec les pieds secs.  Après 500m de course, nul coureur ne pourra penser réussir ce défi.

8h00.  Nous sommes tous à l'extérieur sous la pluie et sans attendre plus longtemps, le départ est donné!  À partir de ce moment les choses s'enchaîne rapidement et encore une fois, je perds la notion du temps pour le reste de la course.  Une chose est sûr, c'est que certains se sont mis dans la tête d'ouvrir la machine dès le début à les voir courir, mais ça se comprends un peu aussi.  Les 17 premiers kilomètres descendent en pente douce (+/-2.5%) dans un sentier de VVT bien large.  Il est donc facile d'y dépasser et d'accélérer, mais dans mon cas, je m'en tiens à mon mantra: fait ta propre course.  Je laisse donc aller les autres coureurs et je me concentre sur mes sensations.  Le sentier est plein d'eau et de neige.  J'ai les pieds bien mouillés après quelques minutes malgré que je recherche les endroits secs où les poser.  Ceci m'occasionne quelques mauvaises surprises.  En visant les quelques roches apparentes hors de l'eau et des feuilles, je constate que celles-ci ont tendance à rouler sous mes pieds ce qui me causera quelques douleurs à la cheville droite.  Rien de grave, mais dans les jours qui ont suivis, elle fut sensible.  Je vous ai parlé de l'eau dans les sentiers?  Ah oui, c'est vrai...  Mais il faut vraiment pas l'oublier, car c'est le point majeur de toute cette journée.

Après 17 km de sentiers humides, de ruisseaux déchaînés à traverser, de pierres roulantes et des quelques dépassements que je réalise; j'arrive au premier ravito.  Ce ravito est comme un phare dans le brouillard, car j'y revois mes amis Fred et Jacques.  Quel bonheur de se faire accueillir par des amis toujours d'aussi bonne humeur.  En plus, Fred et sa fille ont fait des "grilled-cheese" pour les coureurs et il m'offre de me rafraîchir avec un peu d'IPA.  Oui oui... de la bière dans les sentiers à cette heure.  Je décide de repartir assez vite question de ne pas prendre trop froid.

Les prochains sentiers se veulent assez roulant.  Il n'y a pas trop d'eau.  On dirait des sentiers de vélo de montagne vu la largeur et les relances.  Sans trop savoir pourquoi, je décide que c'est là que je sors mes bâtons de course.  Ça aide toujours dans les relances.  4 Km plus tard, me voici sur l'asphalte pour quelques centaines de mètres.  Je crois que c'est ici qu'à eu lieu le départ du 25km.  Je suis à l'entrée du Parc de la Jacques-Cartier.  C'est vraiment à partir de ce moment que l'enfer à commencé.  Pas loin de 120 coureurs du 25km venaient de passer avant moi dans le sentier et avaient laissé celui-ci comme une immense marre de boue.  Impossible de se perdre maintenant… il fallait juste suivre la longue ligne noire qui se faufilait dans les bois.

Sans perdre toute ma détermination de finir cet Ultra, j'ai continué à avancer.  L'utilisation des bâtons aidant beaucoup ma progression sur ce terrain accidenté et glissant.  C'est donc un par un que j'ai remonté les autres coureurs.  Je suis même demeuré très surpris de voir des coureurs qui avaient conservé leurs bâtons encore sur leur sac.  C'est au moment de me voir progresser si rapidement qu'ils ont compris leur erreur.  Un peu plus loin, j'ai rejoint mon ami Richard qui semblait être dans un petit creux.  Mon arrivé a semblé lui redonner un peu d'énergie et c'est ensemble que nous avons parcouru les kilomètres restant jusqu'au deuxième ravito qui se trouvait au 32e Km.

Quel accueil!  WOW!  C'est avec un bouillon de poulet bien chaud qui le premier bénévole nous accueil.  Par la suite, d'autres viennent nous voir pour prendre nos gourdes et les remplir.  D'autres nous offres à manger ou nous demande si tout va bien.  Le choix d'aliment est varié, en grande quantité et de qualité.  Il y a même un feu de camp où nous pouvons nous réchauffer un peu.  Richard en profite pour faire sécher (plutôt bruler) ses gants, car il est tombé dans l'eau (lire boue) à quelques centaines de mètre avant notre arrivée.  Au moment de repartir, j'invite Richard à continuer et Maxime décide de se joindre à nous.  Pourquoi pas?  C'est donc à l'attaque de la fameuse boucle de Stoneham que nous nous attaquons.

Malheureusement après quelques centaines de mètre, Richard est victime de crampes aux jambes qui le forceront à s'arrêter.  Comme ce n'est rien de bien grave et avec l'accord de Richard, Maxime et moi décidons de continuer sans l'attendre.  Pas question de rester trop longtemps à la même place avec cette météo.  Malgré que je demeure à Québec, je ne suis jamais allé faire ce sentier bien connu.  Disons que notre première rencontre fut assez brutale:  impossible de courir dans la montée tellement il y a des roches et des marches.  De plus, avec toute cette bouette, c'était très dangereux de s'y blesser.  J'en ai profité pour faire la connaissance de mon nouveau partenaire.  À ma grande surprise, c'est sa première vraie course à vie et il a décidé de se faire un petit Ultra de 47km... OUF!  Mais le gars est en forme et bien entraîné et il suit la cadence sans problème.  C'est donc en duo et bien déterminé que nous sommes passés au travers des 3 pics de la boucle et leurs descentes glissantes.   Nous avons même subi un genre de tempête de grêle pendant quelques minutes alors que nous n'avions aucune possibilité de se cacher.



15h00.  Nous arrivons au 3e ravito.  Nous sommes en avance de seulement 30 minutes sur le "cut-off".  Ça fait 7 heures que nous courons et nous avons 38 kilomètres dans les jambes.  Les conditions sont vraiment mauvaises, car lors de ma planification, je n’avais aucune crainte pour cette barrière horaire.  Si j’ai déjà fait 29 km avec plus de D+ en 4h30, je pouvais bien faire 38 Km (dont les 16 premiers km en descente) en 7h30.  Il semble bien qu’il ne faut jamais prendre à l’avance quelque chose pour acquis.  Nous avons donc décidé de ne pas perdre trop de temps à ce ravito.  J’ai rempli mes gourdes et manger un peu.  Surtout du salé.  Merci aux bénévoles pour l’idée des saucisses.  C’était bien vue!


La suite de la course se fait sur des routes asphaltées pour environ 2 kilomètres question de rejoindre les sentiers de vélo de montagne d’E47.  Nous avons été chanceux à ce moment, car nous avions du soleil et aucun vent.  Je n’aime pas vraiment l’idée de courir sur l’asphalte lors d’une course de trail, mais c’est souvent un mal nécessaire et ça permet de mettre un peu le cerveau à ‘’off’’.  C’est aussi pendant cette section que j’ai constaté que mon compagnon de course passait un bon creux.  J’ai même dû l’aider à rattacher son sac de course tellement il avait les mains gelées.


Nous voici donc dans la dernière section de la course, les sentiers de vélo de montagne, ou du moins c’est ce que je pensais.  Bien non!  Les organisateurs ont plutôt opté pour un mélange de sentier de vélo et d’un sentier de raquette qui se voulait aussi très ‘’bouetteux’’.  Donc l’enfer c’est poursuivi.  Surtout au moment de la dernière monté au 44e km.  Une courte montée, mais bien abrupte.  Le genre où tu utilises les arbres pour te hisser.  Malgré tout, nous poursuivons toujours en essayant de courir à chaque moment où le sentier nous le permet et passons le dernier petit ravito.  C’est lors du dernier kilomètre qu’arrive de nulle part le coureur qui nous suivait et qu’il nous dépasse comme une flèche.  Nous avons tenté de le suivre, mais rapidement, nous avons oublié l’idée de peur de se blesser aussi proche de la fin.  Qu’avait-il mangé?  Ou peut-être avait-il un appel pour un #2?


C’est au moment de croiser la fameuse carcasse d’avion se trouvant dans les arbres que nous nous savons si proche de l’arrivée.  Nous pouvons même entendre le commentateur et de la musique.  C’est avec le sourire que nous avons passé l’arche ensemble après 8h18 de course.  Quel bonheur de terminer cet Ultra et surtout dans ces conditions.  J’ai aussi beaucoup apprécié voir le bonheur et la satisfaction sur le visage de Maxime et sur toute sa famille qui était présente pour le féliciter.  Nous avons discuté en peu.  Pris quelques photos avant de se diriger vers le ravito finalement pour y refaire nos forces.  Encore une fois, l’organisation garde la barre haute avec un excellent repas concocté par mon ce cher Renaud.  C’est à ce moment que Maxime m’annonce qu’il faut aller chercher notre médaille… soit une bière en bouteille spécialement brassée pour l’évènement par les Brasseurs sur Demande.  Quelle bonne initiative!  Je décide par contre de la garder pour la maison, car j’ai trop froid pour une bière fraîche. 






En conclusion, j’ai adoré mon expérience.  Le parcours et les conditions météorologiques ont rendu le tout difficile, mais le haut niveau de l’organisation est venu tout compenser.  C’est sans aucun doute que je crois que cette course va devenir un classique dans la région de Québec et que la 2e édition va passer à la légende.  Merci aux compagnies qui me soutiennent, aux coureurs avec qui j’ai partagé ces km, aux bénévoles si généreux, aux organisateurs dévoués et surtout à ma copine pour me laisser aller au bout de mes folies.  On se voit sûrement en 2019 pour un autre 47km et qui sait, peut-être plus … reste à voir dans quelle condition seront les sentiers à ce moment-là.





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